Jizô en Japonais (Ksitigarbha en Sanskrit, Dizang en Chinois) est un Bodhisattva (bosatsu en japonais) très populaire, protecteur des enfants.

C'est l'un des "huit fils proches du Vainqueur" c'est à dire les huit principaux disciples du Bouddha historique.
Ces huit grands Bodhisattvas sont :
- Mandjoushri,
- Avalokiteshvara, (Chenrezigs en tibétain et son célèbre mantra OM-MA-NI-PA-DME-HOUNG)
- Vadjrapani,
- Kshitigarbha, aka Jizô
- Sarva-Nivaram-Vishkambin,
- Akashagarbha,
- Maitreya,  (le Bouddha du futur)
- Samantabhadra.

La première partie du nom signifie la terre (Ji, Ksiti, Di)
La deuxième partie (zo, garbha, zang) a un sens plus complexe. Elle peut vouloir dire matrice, trésor, etc...
A un autre niveau de compréhension, ce nom peut également être traduit par "mental ordinaire-nature de Bouddha" en anglais "mind-nature". (voir par exemple le dialogue du Maître Zen Bassui avec un moine sur la nature de Jizo Bodhisattva)

Kshitigarbha est dit être le plus grand des huit Bodhisattvas principaux, pour avoir fait le voeu le plus vaste, celui de libérer tous les êtres des six mondes, y compris ceux des enfers. Cependant, au Japon, il est représenté sous une forme très humble, sous les traits d'un pauvre enfant moine mendiant. Les statues de Jizô que l'on trouve un peu partout au Japon ne sont pas de magnifiques oeuvres d'art dorées et ornées de pierres précieuses. Ce sont très souvent de simples pierres grises dressées où on a vaguement gravé deux yeux et une bouche. Très souvent il porte un bavoir rouge. près de ces statuettes on trouve généralement des jouets d'enfant, en particulier des "moulins à vent" (voir photo ci-dessous).

Le mantra de Jizô contient un éclat de rire : "HA-HA-HA" (ce qui ne fait pas très "sérieux" pour un grand Bodhisattva ;-))
OM-HA-HA-HA-VIS-MA-YE-SVA-HA

Jizô tient à la main le traditionnel baton de pèlerin (shakujo ou shujo en japonais, khakkhara en Sanskrit), que l'on peut retrouver... dans les films d'arts martiaux, kung fu, etc... (hé oui il ne faut pas oublier qu'à l'origine les arts martiaux ont été inventés par les moines bouddhistes pèlerins pour se défendre contre les brigands).



 
La Mort dans les religions d'Asie
Bernard Fauré
Flammarion 1994
collection Dominos

"Au Japon, un culte inspiré de conceptions analogues explique l'importance prise au cours des dernières décennies par les services funéraires pour les enfants morts-nés (ou avortés). L'essor de ce culte, adressé au Bodhisattva Jizô, divinité bouddhique protectrice des morts et des enfants, est étroitement lié à la politique contraceptive japonaise (politique "civile") favorisant l'avortement au détriment de la pilule. Le chagrin et la culpabilité maternels ne sont pas les seules raisons de ce culte : la crainte que l'esprit de l'enfant mort tebte de nuire à ses frères et soeurs cadets joue également un rôle important."

"Face à tous ces juges, le défunt dispose d'un défenseur de taille en la personne du Bodhisattva Dizang (en japonais Jizô), qu'on représente d'ordinaire sous les traits d'un jeune moine à la tête rasée, tenant à la main le bâton des pèlerins. Dizang s'entend assez bien avec les rois infernaux, qui sont à ses ordres.

Le jour de sa naissance, le vingt-quatre du sixième mois (lunaire, ce qui correspond à la fin de l'été), était célébrée en Chine et surtout au Japon une sorte de fête des morts, plus précisément une fête des enfants morts en bas âge, qui est devenue de nos jours une fête des enfants en général. Par ailleurs, le centième jour après la mort d'un être, on accomplit en Chine la cérémonie de la "destruction des portes de l'enfer".

Après avoir invoqué Dizang, les moines brûlent de l'encens et récitent des prières, puis ils invoquent l'âme du mort pour qu'elle puisse écouter la lecture du texte sacré qui détruit les enfers; l'âme est ensuite invitée à renaître en Terre Pure, guidée par Dizang. Les enfers sont représentés par une petite boîte de bambou et de papier, où sont placées des figurines de papier. A la fin de la récitation, un moine costumé en Dizang détruit cette boîte d'un coup de bâton, délivrant ainsi l'âme du damné."

Cimetière d'enfants japonais.

Au pied de la statue de Jizô, le Bodhisattva protecteur des enfants, des statuettes votives (en vertu d'un voeu) de ce même personnage, doubles des enfants morts, ont été rassemblées. Il s'agit parfois également de "muen botoke", "Bouddha sans relations", autrement dit des morts dont plus personne ne s'occupait et qui ont été réunis sous la protection de Jizô.
Le culte de Jizô a connu une recrudescence dans le Japon moderne du fait de la pratique répandue de l'avortement. Jizô tient d'une main son bâton de pèlerin, de l'autre le "joyau qui exauce les voeux" (Cinta-mani). Le bavoir qu'il porte autour de son cou symbolise sa fonction et certaines statuettes sont même revêtues de vêtements d'enfants. Photo (c) Luc Girard / Explorer.

Le Bodhisattva Jizô, protecteur des enfants.

Ce Bodhisattva, "guide et sauveur des âmes tombées dans l'enfer", est également le protecteur des enfants morts en bas âge. On le voit ici tenant un enfant contre son sein, et cette image, dont la douceur est rehaussée par la présence des érables rouges (dont les feuilles sont poétiquement comparées par les japonais à des mains d'enfants), explique comment la piété populaire a pu voir en Jizô un "donneur d'enfants". Photo (c) Mike Yamashita.